Voici un texte de Guy Dana sur analyse en période d'épidémie et les réactions de certains d'entre nous
- L'analyse n'est pas une conversation. Guy DANA
"Dans ces temps de pandémie au Covid 19 je reçois, comme nombre de collègues, des appels téléphoniques et les séances se font donc par téléphone. A partir de cette situation nouvelle, je veux vous faire part d’un certain nombre d’observations en particulier sur la question du corps.
En premier lieu, je n’ai jamais autant éprouvé combien la présence des deux protagonistes est indispensable à une séance de psychanalyse. Qu’un travail puisse se faire en dehors du cadre classique est une chose mais en cette période exceptionnelle le retour sur ce que permet ou ce que porte ce cadre dit classique peut avoir son intérêt.
C’est à partir de ce constat que le téléphone est certes un moyen de poursuivre le travail engagé que nous devons nous interroger sur ce que signifie la présence de l’analyste comme celle aussi, sur un autre registre, de l’analysant. C’est finalement la question du corps.
L’écoute par téléphone suffit-elle à la question plus vaste de sa présence ?
Il m’a semblé que la situation exceptionnelle actuelle par comparaison permettait un étayage et ouvrait peut-être de nouvelles routes.."
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- Réaction au texte de Guy Dana: "L'analyse n'est pas une conversation". Didier Lestarquy
"J’ai lu avec grand intérêt le texte de Guy Dana que nous a envoyé Cédric. Cette lecture m’amène à y réagir.
J’ai écrit, un jour, à propos du silence de l’analyste que « … notre tâche, dans notre tentative de soutenir le désir qu’il y ait de l’analyse, consiste plus à entendre ce qui se dit au-delà de notre écoute, aussi attentive soit-elle ; ne convient-il pas d’être à même d’incarner plusieurs possibilités de mélodies, mêlant paroles et silences, pour nous accorder au déroulement des séances de nos analysants, de nos patients, selon l’actualité et le registre transférentiel du contenu de celles-ci ? ».
Je pense effectivement qu’il y va d’un « travail » de la part de l’analyste qui vise à repérer le registre dans lequel l’analysant s’exprime. C’est à partir de ce repérage qu’ensuite nous nous positionnerons dans nos interventions, comme dans nos silences.
Le point de vue développé par Guy Dana, avec tout le respect que j’ai pour l’homme et son œuvre, me semble un peu simpliste lorsqu’il reprend uniquement la conversation du côté d’un rapprochement, d’une trop grande proximité et d’un miroir qui oublierait d’être vide, en étant vivant.
J’entends régulièrement des analystes évoquer leur ennui ou leur lassitude durant certaines séances d’analyse. Je ne comprends pas qu’on puisse parler ainsi, à partir d’une position d’analyste. Selon mon expérience, il s’agit parfois de pouvoir « être là », comme le dit Jean Oury. « Etre là où cela se passe », dit-il, en disponibilité et vigilance. Dans cette optique, je m’étonne autant du fait que nous puissions nous ennuyer durant une séance d’analyse, que du fait de ramener une séance d’analyse par téléphone à de la conversation. Serait-ce omettre qu’il n’y aurait de résistance que de l’analyste ? "
- Sur le texte de Guy Dana: "L'analyse n'est pas une conversation" - remarques, annotations et commentaires. Marc Dubois
" Nous vivons une période curieuse, dite de « confinement », presque de réclusion, de sourde angoisse nécessairement impossible à saisir, et ce moment presque de suspens, d’écart avec ce qui fut notre norme ou notre ordinaire a poussé nombre de praticien à interrompre ou à modifier tout un pan de leur pratique, puisque ledit confinement a réduit et modifié les conditions traditionnelles des séances de psychanalyse ou de psychothérapie, parfois pour se centrer sur l’angoisse actuelle, à quoi répond, à suivre Freud, les névroses actuelles. Je voudrais reprendre au plus près (mais je ne peux évidemment pas tout développer), parce qu’il me semble que, avec tout le respect que j’ai pour lui, y compris dans cette circonstance où je pense sincèrement[1] qu’il a été un peu vite dans son analyse de la situation ! Cela dit, s’il le fallait, je le remercierais de s’être avancé le premier (c’est toujours difficile!) et, dès lors, d’avoir – de nous avoir – permis un débat autour de ces pratiques issues de l’actuel confinement ! Quel que puisse être le ton de mon propos, qu’il soit dit que je lui sais gré de sa démarche – et je ne lui jetterai aucune pierre ! Disons que sa réflexion m’aura permis de clarifier la mienne – ce qui est un cadeau estimable !
[1]À l’instar de Didier Lestarquy, un collègue qui a également commenté le texte, d’une manière aussi critique que moi !