Novembre 2022. Le mot de la présidente

Nos deux journées d’études sur La Passion de la mère ont été un moment important pour notre association. Un temps de retrouvailles après les reports en lien avec la pandémie et une mise au travail de grande qualité.
En attendant l’édition des textes, je vous propose ces quelques lignes qui retracent trop brièvement et laconiquement le travail de ces deux jours.

C’est comme Das Ding, comme autre primordial, comme autre secourable que la mère est le premier Autre de l’infans. Le corps à corps avec l’objet illusoire doit baigner dans les signifiants et être porté par le regard et la voix.
Entre cramponnements et phallicisation, l’enfant doit trouver son chemin pour mettre une barrière à la Jouissance de l’inceste, barrière qui va lui permettre de se subjectiver en limitant la jouissance. L’enfant ayant une part active dans le processus de séparation.
Nous traitons plus tard, comme psychanalystes, ce qui s’est compliqué dans ce processus en aidant le sujet à se séparer et à se désaliéner des signifiants qui lui ont été attribués.

Ces journées ont suscité des questions et c’en est heureux.

Patrick De Neuter nous proposait d’écrire La Mère avec un LȺ barré. 
Ces journées nous y mènent en effet. La mère se déclinant différemment pour chaque femme devenant mère.

Au « Pastout » de Lacan, pourrait s’ajouter le « Pastrop », faisant référence à la nécessité d’un pas trop de jouissance, condition à la limitation de la jouissance et à la possible construction subjective.

Aussi, à la question qui a fait débat : à quoi renonce une femme en refusant d’être mère, nous pourrions aussi nous demander dans un autre registre, à quoi renonce une femme en devenant mère? Je laisse cette question ouverte d’autant qu’elle vient s’actualiser dans les discours des plus jeunes.
Le maternel continue de faire énigme et relève du sacré.
La mère est bien souvent idéalisée ou inébranlable et la loyauté à son égard peut coûter cher. On ne s’engage pas impunément dans la satisfaction du désir maternel.
Le prix à payer par l’enfant, au sens actif, pour réaliser sa différence est la non-réalisation du désir maternel.
Au risque de la bêtise, de la mélancolie ou dans l’excédent de symptômes qui vient se dire sur nos divans d’analystes.
La mère laisse sa trace par l’introduction de la jouissance dans le corps traversé par les signifiants qui font coupure. Lalangue est cependant une aliénation nécessaire permettant le second temps de séparation.
La psychanalyse vise à libérer le sujet de son assignation aux signifiants attribués qui lui font loi.

Pour conclure, je vous propose ceci : la mère est-elle la police du corps ?

Le signifiant « police » dérivant du grec indique la situation du citoyen, ou encore, l’organisation ou l’ensemble de règles en vue de faire régner l’ordre.
La mère comme la police de la pulsion. Comme je l’ai trouvé dans un article de Colette Soller.
Mais j’ajouterai étant entendu que la police est également l’ensemble des lettres et signes qui composent les caractères d’une même forme : comme la police d’écriture.
La mère comme la police d’écriture, donnant l’accès à la lettre, aux signifiants et aux lois du Langage, limites à la jouissance.

Cela me permet de clore nos journées de cette façon :
Renoncer à la mère est un bien exil ; un exil qui nous mène sur une terre d’aventures où les mots nous permettent d’écrire toutes les histoires et tous les récits du monde.

Anouk Lepage, Présidente d’Espace analytique de Belgique
 

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