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Bonneuil, « lieu-dit d’antipsychiatrie »

Alain VANIER

2025

Mensuel de l’École de Psychanalyse des Forums du Champ lacanien, n° 183
Pour situer cette formule de Maud Mannoni à propos de Bonneuil, « lieu-dit d’antipsychiatrie 1 », il con vient de revenir au temps de la fondation de l’École expérimentale de Bonneuil-sur-Marne. Cette date, 1969, n’est pas indifférente : elle place Bonneuil au cœur de tout ce mouvement de remise en cause des institutions psychiatriques telles qu’elles se sont développées après-guerre. L’enfermement, l’aspect quasi concentrationnaire des asiles, les dizaines de milliers de patients morts de faim pendant la guerre, sans compter leur élimination en Allemagne, ont rendu insupportable le sort qui leur était réservé. Cette contestation de l’institution asilaire s’accompagne de travaux contemporains comme ceux de Michel Foucault – rappelons que pas une fois Jacques Lacan ne s’est adressé aux psychiatres sans recommander la lecture de l’Histoire de la folie à l’âge classique 2, parue en 1961 –, mais aussi de la découverte du premier neuroleptique. Certes, des pratiques non asilaires existaient déjà ici et là, et la vie à l’asile était organisée de façon variable : on pense à l’hommage de Jean Oury à Philippe Pinel, considérant le traitement moral comme un ancêtre de la psychothérapie institutionnelle.