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"Devenir mère, jamais !" De quelques résistances au devenir mère.

Nicole Stryckman

2025

Cahiers de psychologie clinique, 2025/2, 65,  Pages 37 à 54
À la lecture de l’argument de ce Cahiers, ce titre m’est venu en souvenir de l’exclamation d’une analysante qui m’avait profondément interpellée. Remarquons que « Devenir mère : jamais ! » peut aussi s’entendre : « devenir mère : j’aime… mais ! ». Mais ne jouons pas sur les mots, même si, comme le dit René Char, « les mots qui vont surgir savent de nous ce que nous ignorons d’eux ». Ce titre, ces mots avaient surgi de moi sans que je sache ce que j’allais pouvoir en dire. Comme psychanalyste, nous avons à écouter et entendre les patients, les analysants dans leurs dires conscients tout en étant tout ouïe aux dires inconscients qui s’y faufilent, et cela dans un insu réciproque. Pour appréhender ce « Devenir mère : jamais ! », il m’a semblé nécessaire de clarifier ce que cela signifie pour tout sujet et plus singulièrement pour une femme. Le devenir mère implique plusieurs désirs, désirs qui sont des effets de l’intrication des pulsions Éros et Thanatos et de leurs conflictualités articulées les unes aux autres pour tout sujet, pour tout « parlêtre » comme l’écrivait Lacan. Citons quelques-uns de ces désirs : transmettre la vie, être enceinte, mettre au monde un enfant, l’allaiter, fonder une famille, le voir et le faire grandir, l’éduquer, etc. Autant de désirs qui sont à considérer dans leurs trois dimensions réelles, imaginaires et symboliques. Voici quelques phrases qui vont guider mon propos et qui reprennent différentes facettes de ce « Devenir mère : jamais …